par chèque
par Amazon
par la Fnac
|
L'aventure "Tempus Fugit"
L'histoire commence par une idée fixe. Makuramis, photographe, torture son art jusqu'à l'abstraction, pour se libérer de la dictature du sens et redécouvrir la richesse des formes et des couleurs du quotidien. Elle produit des centaines de clichés et de nombreuses séries. L'absence de référence figurative transforme ces images en support sur lequel peut joyeusement gambader l'imaginaire, comme autant de taches de Rorschach issues du réel. Petit à petit, un thème se dégage, l'effet du temps qui passe.
La Nature, comme tout être vivant, évolue à chaque instant, se développe puis se dégrade pour repartir de nouveau. Son œuvre et celle de l'homme subissent les mêmes affronts du temps. C'est à se demander si la créature humaine n'est finalement qu'un organe qui bat en suivant le rythme de la Vieille Bleue, flux et reflux permanent, de la construction à la destruction. Makuramis décide de soumettre ses œuvres à l'œil d'une poignée d'écrivains-blogueurs, de retourner les habitudes : ce seront leurs textes qui illustreront ses images. Ils ont choisi l'image qui les inspirait et sont partis à l'aventure, pour explorer le sujet, chacun avec sa sensibilité.
Et ils arrivent à la même conclusion : qu'on le refuse ou qu'on l'accepte, inéxorablement, le temps s'enfuit ... « Tempus Fugit ». |
Les onze auteurs
Agapi
Chimères et phémères
Agapi, vieille de 25 ans, écrit sur son blog à l'humour alternatif depuis 5 ans.
Ataraxie
Un Instant d'Ataraxie
Délivrable sans ordonnance depuis deux ans, Ataraxie reste l'auteur au nom d'anxyolitique le moins prolifique de la blogosphère.
Chypor
La case de l'Oncle ChypoR
Chypor est un père de famille bon enfant amoureux de l'écriture depuis son plus jeune âge.
Daniel Rondeau
J'écris parce que je chante mal
Daniel Rondeau, professeur de français à Montréal, écrit des histoires dans des cahiers noirs à défaut d'être chanteur.
Immixtion
human friendly indeblog
Immixtion a été comptable puis propriétaire d'une boutique de meubles contemporains avant de découvrir son goût pour les mots.
Louise Lazzy
Ze Lazzy Journal
Louise Lazzy a soutenu une thèse de littérature en 2004 et vit à Lyon avec trois rats, un iguane et un viking.
makuramis
le troisième oeil
makuramis est photographe professionnelle à Lyon. Elle a vu le jour en vacances, ce qui ne l'a jamais gênée pour photo-bloguer.
Marie
There is something about Marie
Marie, 33 ans, est maman d'un saucisson de 7 ans et travaille pour le grand capital américain.
nacha
nacha dit ça
nacha est une jeune parisienne insatisfaite et une globe-trotter culturophage qui a des choses à dire. Alors elle les écrit.
Raph
Bon pour ton poil
Raphaël Chabloz, 31 ans, est suisse et journaliste mais gentil quand même. Il aime les chatons et les dés de courgette.
Sof
Zerotom
Sophie Bienvenu, au Québec depuis 2001, tient un blog qui lui a permis de recevoir des milliers de demandes en mariage. Elle a publié son premier livre, Lucie le chien, en mars 2007.
|
Les onze extraits
Agapi - Rouage
« [...] Quand on arrive dans le hall de l’immeuble, ça sent les endives au jambon. Le plat préféré de mon père.
Le plat du samedi.
Je pose mon cartable, je mets ma robe rose pour lui plaire.
Et il arrive. Il m’embrasse à peine, mange ses endives et s’enferme avec ma mère dans la chambre : le magnétoscope est encore cassé et ils doivent le réparer. [...] »
Ataraxie - Fantôme
« [...] Tu me distilles ton monde, tes amis, ces cons brillants, tes parfaits parents, tes études d’ambition, tes livres et tes convictions. Des pots de confiture que j’atteins à peine du bout des doigts. On collectionne les icônes pour plus tard : quand tu pleures de joie à l’arrêt de car, quand je ris froid comme les condamnés et que tu m’en retournes des éclats de vie, quand tu m’as pris entre tes jambes cette fois-là jusqu’à me dire je t’aime. [...] »
Chypor - Temps Rouge
« [...] Il n’avait pas mis longtemps à concrétiser son rêve. Il l’avait reconnu dès qu’il l’avait vu, cet été là, dans un vieux hangar près de l’arsenal. Ayant tout juste les moyens de se l’offrir, sans pouvoir lui payer une place à quai, il avait obtenu du vieil employé maritime touché par son enthousiasme et sa détermination qu’il le remorque et le dépose au milieu de ce terrain situé à quelques kilomètres de là, qui appartenait à sa famille et sur lequel il avait décidé de fairebâtir sa maison. [...] »
Daniel Rondeau - Absence
« [...] Le jour où l’on retrouva le corps sans vie d’Huguette Potvin, nul ne fut surpris ; à 101 ans, la mort ne vole plus personne. Aucune famille, aucun ami ne vivait encore pour la pleurer, sinon quelques voisins romantiques qui ne venaient pourtant jamais la visiter. Ainsi, quand le drap des ambulanciers recouvrit le visage de la vieille dame, personne ne constata qu’elle avait le sourire de celle qui s’en va au bal retrouver le prince charmant. [...] »
Immixtion - Ad Lib Errer
« [...] Mais tu as les chevilles entravées, impossible d’avancer. D’un côté ou de l’autre tu n’as plus qu’à te laisser tomber, te mettre la tête à l’envers et voir filer de tes poches tous tes désirs. En contrebas tu aperçois encore ta plus belle espérance, et quelques jolis espoirs bientôt rances. Tu devrais t’agenouiller, au pied du mur, peut-être ne sont-ils pas tous brisés. [...] »
Louise Lazzy - Décollement
« [...] C’est un peu embarrassant à dire mais pour être franche, j’avais espéré que ce jour serait aussi parfait que la dernière scène d’un film. Je me voyais déjà sortir de l’hôpital sereine et rayonnante, et rentrer chez moi dans la lumière flamboyante des dernières heures du jour (clap de fin). Sauf que les choses ne se passent jamais comme je les ai prévues, je devrais pourtant le savoir, à force. Je rentrerai donc sous la pluie, voilà, après tout ce n’est pas un drame. [...] »
makuramis - Composition Verte
« [...] Ça fait une éternité que je marche sur ce qu’ils appellent une route. De plus en plus rapidement. Autour de moi, des buissons, toujours des buissons. Rien pour me protéger. La nuit est en train de s’abattre. Je voudrais m’effondrer sur place. Me laisser bouffer par la faune. Les serpents, ils n’attendent que ça pour me sauter au cou. Mais pourquoi je suis là ??? Ne pas craquer. Continuer. Avancer. [...] »
Marie - Couches
« [...] A la première couche, un joli rose bonbon, je dors à l’heure de dormir et fais où l’on me dit de faire. Jamais je ne pleure, n’exige rien et fais bon usage des formules de politesse. On me veut raisonnable, raisonnable je serai. Maman fera de moi son petit génie, quitte à mentir sur mes exploits.
Le deuxième ange paraît et on recommence – enduit, ponçage et première couche. Nul besoin de racheter le matériel, on partagera le mien, il suffira d’étendre un peu la peinture. [...] »
nacha - Craquellement
« [...] Tu serres les dents.
T’as raté ton entrée. Tu la préparais mentalement depuis un moment, tu avais pris appui des quatre fers entre les parois de ton crâne, pour accueillir le choc et puis t’apercevoir, finalement, que tu es passé à côté. Que tu regardais pas au bon endroit. Tu tournais pas franchement le dos à l’action, non, tu regardais pas où il fallait, c’est bête. [...] »
Raph - Composition Grise
« [...] Et sur sa droite, quelqu’un a décidé d’affubler ce vieux mur craquelé d’une flèche rouge pointant vers le ciel. Pour symboliser l’espoir ? La voie vers la sagesse ? Ou vers la boulangerie la plus proche ? J’ai l’art de me prendre la tête pour pas grand chose. Me passionner pour des peccadilles. Une qualité essentielle pour un comptable. Ce mur m’obsède. Va savoir pourquoi. Je me demande qui a bien pu décider, un jour, qu’il fallait une flèche, qu’il fallait que ce soit sur ce mur là. Au moins, ça me fait oublier mes soucis habituels. [...] »
Sof - Patch
« [...] Il joue Custom Concern avec sa guitare, ses mains sales et sa voix. Et ses yeux.
Juste pour moi.
Comme s’il savait que j’allais descendre, et qu’il m’attendait.
Comme s’il savait pour les trous dans les jeans, et les trucs écrits au stylo bille sur les baskets, sous la tenue de secrétaire de direction baisable mais respectable beaucoup trop serrée, beaucoup trop noire et beaucoup trop pas moi, pour aller avec la job.
Lui sur son île de goudron plus foncée, et moi en bas de l’endroit qui n’est pas chez moi, je sais pas combien de temps ça a duré. [...] » |